Richard, Platform Director : “Nous sélectionnons les technologies les plus performantes pour nos développeurs"
Ce vendredi 6 décembre, nous nous entretenons avec Richard Koehl, Platform Director chez Orchestra, qui entame sa douzième année au sein de la société. Il retrace son parcours, débuté en tant qu’ingénieur en développement, pour piloter aujourd’hui les équipes de développement. Richard nous en dit davantage sur les technologies mises en œuvre pour mener des projets cruciaux d'Orchestra, comme les migrations vers le Cloud et l'intégration progressive de l’intelligence artificielle.
Bonjour Richard, tu viens de passer le cap des onze années passées au sein d'Orchestra, où tu occupes la fonction de Platform Director. Comment ton équipe s’organise-t-elle pour soutenir les projets de développement à grande échelle chez Orchestra ?
Richard : Actuellement, mon équipe, composée de quarante-six développeurs, est structurée en huit squads spécialisées. Cette structure a été récemment repensée pour accompagner la croissance d’Orchestra au sein de Travelsoft, qui s'est accélérée ces deux dernières années avec l’acquisition d’autres plateformes. Pour apporter un véritable levier de croissance, il nous fallait adopter une approche disruptive. Ce modèle agile permet d’optimiser nos outils et méthodes afin de répondre aux défis croissants.
Quelles sont les technologies clés utilisées chez Orchestra ?
R. : Java (70% des développements) et Spring Boot sont nos piliers, complétés par React pour les interfaces. Java est le langage de programmation de premier choix pour les entreprises. Nous maintenons une couverture étendue des versions de Java, de la version 8 à la 21. Cette dernière version concerne désormais tous nos catalogues. Nous sélectionnons les technologies les plus performantes pour nos développeurs afin qu’ils soient le plus efficaces possible. Nous avons plusieurs migrations techniques en cours, visant à améliorer notre infrastructure technologique, orchestrée par OKD (Origin Kubernetes Distribution), une plateforme permettant de gérer et de déployer facilement des applications.
Vous pilotez des migrations techniques d’envergure. Quels sont les principaux défis ?
R. : Maintenir les systèmes à jour est un enjeu stratégique pour une plateforme logicielle telle que la nôtre, particulièrement après vingt-cinq ans d’activité ! Assurer la pérennité de notre infrastructure nécessite un investissement constant en ressources. Nous réévaluons régulièrement nos choix technologiques afin de garantir la sécurité et la fiabilité de nos systèmes. A ce jour, 30% de nos applications fonctionnent sur la dernière version de Java, offrant des améliorations notables en matière de sécurité, de performance et d’efficacité.
Quant à nos migrations, elles s’étendent sur plusieurs niveaux : infrastructures physiques, environnements de développement, préproduction et production. L’un des défis majeurs est de maîtriser les mises à jour et les déploiements, tout en prenant en charge une cinquantaine de clients, avec jusqu’à vingt-cinq instances d’applications par client. Nous devons effectuer des tests rigoureux et continus pour prévenir toute régression. Une erreur ou un retard dans ces processus peut entraîner des coûts de correction importants.
Enfin, nous utilisons des technologies avancées, comme les couches web et des systèmes de mise en cache, pour améliorer les temps de réponse de nos applications. Ce travail, bien qu’essentiel, reste souvent invisible pour nos clients, mais il contribue directement à la qualité de leur expérience utilisateur.
Quel est l’impact de ces migrations sur la continuité de service ?
R. : Nous exploitons plus de deux mille applications en production. L'orchestration de ces déploiements est assurée par OKD, développé par Red Hat, une référence mondiale en matière de solutions Open Source pour les entreprises. Nos serveurs, hébergés chez Claranet, sont régulièrement mis à jour pour garantir leur performance. Cela passe aussi par l'actualisation de nos outils de communication : Slack, Jira, Confluence…
Cette transition représente des milliers de jours de travail, menés sans interruption de service pour le client. Nous avons pris soin de planifier ces migrations durant des périodes opportunes, en assurant des permanences en soirées et week-ends pour minimiser l'impact sur l’activité. Toute indisponibilité, même brève, peut engendrer des pertes de chiffre d'affaires.
Qu’est-ce qui te motive le plus ?
R. : Ma principale motivation repose sur la productivité et l'efficacité : voir les projets avancer de manière optimale pour répondre aux besoins de nos clients. Cela passe par des décisions stratégiques et techniques. Lorsque le business, le fonctionnel et la technique fonctionnent de concert, cela crée un cercle vertueux. Mon rôle est de m’assurer que la technique sert le fonctionnel, qui lui-même répond à un besoin business.
La meilleure des récompenses reste pour moi de constater qu’un projet a été mené avec une efficacité exemplaire. J’ai une aversion pour le temps perdu et apprécie l’optimisation des processus, ce qui nous a d’ailleurs conduits, Vincent (Reydet, Architecte Système Réseaux) et moi, à adopter la méthode DevOps (union de « development » et de « operations »). Cette philosophie, qui rapproche les équipes de développement et d’exploitation, favorise une meilleure communication et une plus grande autonomie. Grâce à cette approche, des tâches manuelles chronophages ont été remplacées par des tests automatisés, ce qui améliore notre efficacité au quotidien. Enfin, je suis fasciné par le potentiel de l’intelligence artificielle, notamment pour optimiser de nombreux processus et ouvrir de nouvelles perspectives dans nos projets.
Justement, tu observes attentivement les évolutions technologiques, en particulier dans le domaine de l’intelligence artificielle. Avez-vous des projets liés à cette nouvelle technologie ?
R. : L’IA est un axe stratégique majeur pour Orchestra, dans lequel nous avons beaucoup investi ces dernières années. Ce sera un sujet incontournable en 2025, qui passionne tout le monde, et nos clients ont des attentes légitimes. Cela représente un immense potentiel en termes de productivité, mais aussi des défis importants en matière de sécurité, notamment pour garantir la confidentialité des données.
Depuis deux ans, nous redoublons d'efforts pour proposer des solutions innovantes à nos clients. À ce titre, je dirige notre projet IA, qui a déjà donné naissance à plusieurs réalisations. Par exemple, nous avons développé un moteur en langage naturel pour aider nos clients à créer et gérer leurs offres. Nous avons également mis en place une automatisation de la catégorisation des offres (critérisation) à partir des descriptifs produits fournis par nos partenaires.
Par ailleurs, depuis plusieurs mois, nous accompagnons le CEDIV dans la mise en place d’un agent virtuel. Cet agent, alimenté par les données d’Orchestra, répond aux questions des utilisateurs, simplifiant ainsi leurs interactions. Ces projets illustrent parfaitement la manière dont l’IA peut transformer nos processus et apporter de la valeur ajoutée à nos clients.
Après avoir abordé ces projets innovants, comment toutes ces avancées s'inscrivent dans la dynamique globale du groupe Travelsoft ?
R. : Chaque société du groupe opère sur son propre segment, ce qui nous permet de maximiser notre complémentarité. Cette complémentarité est également géographique : Traffics en Allemagne, Travel Compositor et TravelgateX en Espagne avec une présence renforcée en Amérique latine et en Asie, Atcore et Tigerbay au Royaume-Uni, et Travel Connection Technology en Europe de l’Est.
Cette diversité nous permet de répondre à des besoins variés grâce à des plateformes spécialisées. Par exemple, nous avons intégré le module multi-destinations développé par Travel Compositor sur la plateforme Orchestra. Cela offre à nos clients un accès à des fonctionnalités avancées tout en réduisant les coûts de développement. C’est une synergie qui fonctionne très bien.
D’autres projets techniques communs sont en cours, notamment dans le domaine de l’intégration du transport, où nous mutualisons nos ressources pour offrir des solutions optimisées. Enfin, nous partageons régulièrement nos idées et nos meilleures pratiques, par exemple en matière d’intelligence artificielle, afin que chaque société bénéficie des avancées des autres. Cette approche collaborative renforce notre capacité à innover et à répondre efficacement aux attentes de nos clients.
Peux-tu nous parler d’une réussite à laquelle tu as contribué chez Orchestra ?
R. : En 2018, nous avions organisé un hackathon intitulé “Le Printemps Orchestra”, réunissant des équipes mixtes composées de clients et de collaborateurs Orchestra. Pendant 48 heures, ces équipes ont travaillé sur des prototypes innovants autour de thématiques comme la blockchain, les interfaces vocales et l’intelligence artificielle.
Cette initiative a été un véritable succès, appréciée tant par nos clients que par nos développeurs. Elle a prouvé qu’en un temps limité, il était possible de concevoir des solutions innovantes et à forte valeur ajoutée, répondant à des problématiques réelles et concrètes.
Depuis cet événement, nous avons intégré cette approche dans notre fonctionnement quotidien. Lorsqu’un "pain point" ou une problématique spécifique est identifiée, nous nous donnons 24 à 48 heures pour mobiliser une équipe et concevoir une solution rapide et efficace.
Quel conseil donnerais-tu à un jeune développeur souhaitant débuter sa carrière chez Orchestra ?
R. : La curiosité est essentielle : elle nourrit l’apprentissage et permet de s’adapter aux évolutions constantes du secteur. Il faut adopter le bon état d’esprit (j'utilise le mot “mindset”) : l'idée est de ne pas s'enfermer dans des contraintes rigides pour résoudre les problèmes. Un bon développeur doit savoir se remettre en question et ajuster ses méthodes de travail pour progresser. Il faut anticiper les besoins et adopter une attitude proactive : cherchez à résoudre les problèmes avant qu’ils ne surviennent.
Pour conclure, quelle est ta destination favorite ?
R. : Sans hésiter, l’Italie ! J’ai eu la chance de visiter Florence, Venise, Rome et Milan, et je suis tombé sous le charme de son patrimoine, de ses paysages et surtout de sa cuisine. Pour un épicurien comme moi, c’est une destination parfaite. J’ai encore de nombreux projets de voyage, notamment découvrir Naples et ses environs. Côté cuisine, c’est une Italienne qui m’a appris à préparer des pâtes al dente. Mon péché mignon ? Un bon bœuf bourguignon accompagné d’un verre de Marsannay. Le bonheur, tout simplement !